Le bonheur de chanter
« Chanter pour se donner du courage, pour manifester la solennité d’un instant, pour convaincre – voire manipuler – ou tout simplement pour « se faire plaisir » ? Les fonctions de la vocalité semblent inépuisables, tantôt profondément intimes, tantôt lancées comme une adresse au monde.
Le succès actuel des chorales et ensembles vocaux, aux ambitions musicales modestes ou plus affirmées, se fonde sur une idée parfois quasi thérapeutique du chant comme antidote à la morosité, à la solitude, au stress contemporain. Une dimension affective incontestable qui peut oblitérer les exigences plus arides du bien chanter. Car si la voix possède cette magie incomparable d’un instrument « du dedans », elle requiert
un apprentissage, une maturation et une vigilance de tous les instants. Parce qu’il allie le sens du texte à l’impact
de la musique, le chant traverse l’espace et le temps, construit et défend une identité singulière et collective »
Dans cette société développée de culture écrite, le chant a acquis une fonction essentiellement esthétique, développant le sens du beau, pouvant devenir, dans les cultures médiatiques, un pur divertissement.
On sait également que l’effort de compréhension d’un texte participe à sa mémorisation. S’il est chanté, il est moins compréhensible, ce qui favorise son inscription dans la mémoire à plus long terme, à cause de l’effort fourni
pour le comprendre. Enfin, un autre apport des neurosciences dans la compréhension des fonctions
du chant souligne que l’aspect émotionnel qui peut être véhiculé par une musique favorise également
son inscription dans la mémoire à long terme. C’est le côté proustien de la musique. "